"Dans les bois, tel est le titre d'une composition tout à fait aimable, curieuse et élégante, de M. Paul Viry. C'est une jeune fille au bras d'un jeune seigneur, en costumes de la renaissance. Elle suspend un instant sa marche et par un mouvement d'une tournure exquise, elle se détourne et se penche à demi pour cueillir une fleurette qui va rejoindre dans la main de son compagnon les fleurs déjà glanées au cours de cette intime et tout amoureuse excursion à travers les bois renaissant à la vie du printemps. Les deux figures blanches se détachent sur un fond de pâle et douce verdure. C'est une belle oeuvre décorative, d'un sentiment étrange, pénétrant et charmant."
Annuaire encyclopédique,
publié par les directeurs de l'Encyclopédie du XIXème siècle. 1864
"Ses petites filles du Chant du cantique sont le produit tardif de cent générations de charbonniers. Ses Rétameurs ont les veines gonflées de la fumée de leurs fourneaux. Mais à quoi bon insister sur le choix des sujets? Il s'agit bien de cela. M. Ribot fait des noirs, comme M. Viry fait un blanc, comme M. Manet fait un jaune ou un rose. Le mot d'ordreest donné, et une petite école, croyantavoir trouvé la pierre philosophale de l'art, supprime du même coup, en haine du sujet, la pensée, le sentiment, la composition, la ligne, le dessin, la couleur, le charme et la beauté, la beauté surtout. Faire un oir, faire un blanc, c'est tout le secret des maîtres. - "Faites un roux, " dit la Cuisinière bourgeoise. - Mais un Vatel qui se respecte méprise ces recettes vulgaires et ne sert sur table que des mets savamment préparés. Un artiste digne de ce nom fait sa cuisine chez lui, garde les études pour l'atelier, et n'apporte au public que des tableaux sérieux. On le tient quitte du reste."
Gazette des Beaux-Arts (Salon 1864)
Article de Léon Lagrange
"M. Viry a fait une tache blanche très agréable à l'œil. Son tableau intitulé : Dans les bois, représente de grandeu naturelle un jeune homme et une jeune femme, habillés tous deux de satin blanc à la mode de François Ier. La jeune femme, sans quitter le bras du jeune homme, se penche avec umouvement plein de grâce qui développe les richesses de son buste, pour cueillir une fleurette sur le bord de la route. Son visage se montre de profil perdu, et fait deviner des traits d'une beauté rare et délicate. Le galant, interrompu au milieu de son madrigal, se rengorge, un peu piqué des distractions de la dame, et peste intérieurement contre cet amour intempestif de la botanique. Cela le contrarie de voir les fleurs de la nature préférées aux fleurs de la rhétorique. Cependant, en cavalier fidèle et bien appris, il porte un gros bouquet de boutons d'or, de marguerites, de clochettes sauvages ramassées pendant la promenade.
Toutes ces valeurs blanches, habilement rompues, se détachent avec harmonie d'un fond de verdure, et l'aspect du tableau est jeune, élégant, amoureux et frais comme son titre."
Le Moniteur Universel 17 juin 1864
Le Salon de 1864 par Théophile Gautier
"Le Dans les bois de M. Viry n'est pas sans analogie d'aspect avec le tableau de M. Tissot. C'est encore une femme vêtue de satin blanc, s'appuyant au bras d'un jeune homme costumé de blanc, à la François 1er; elle se baisse pour ramasser sur la mousse une fleurette pâle.Tout cela est frais et jeune et très-habilement harmonisé."
Le Salon de 1864 par Théophile Gautier fils in Le Monde Illustré
8ème année N° 377 2 juillet 1864